Et notre terre commune ?

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Et notre terre commune ?

Voilà une information qui peut sembler banale et de peu d'importance alors que la guerre fait rage en Ukraine et que des milliers d'enfants meurent de faim tous les jours dans les pays les plus pauvres de la planète, en Afrique et dans certaines parties de l'Asie : une étude Ipsos pour la Fondation Vinci Autoroutes révèle que plus d’un quart des Français jette encore ses déchets par la fenêtre de la voiture sur les autoroutes et c'est pire encore chez les jeunes, puisque 42% des moins de 35 ans reconnaissent adopter ce type de comportement.

Photo John Cameron.

Je laisse mes ordures

Cela rejoint malheureusement le constat que je fais chaque début de semaine quand je traverse le petit parc auprès duquel j'habite : les pelouses sont jonchées de déchets, et si certaines poubelles sont pleines, d'autres sont souvent vides, les canettes et autres détritus qu'elles sont censées accueillir restant éparpillés sur le sol en dessous d'elles.
Ainsi des personnes ont investi durant quelques heures une partie de l'espace public, que je préfère pour ma part appeler espace commun, ce qui leur a permis de partager quelques moments avec leurs proches et, au moment de dire merci, ils ont laissé leurs déchets sur place, n'ayant même pas l'intention de faire quelques mètres pour les mettre dans les poubelles toutes proches.

Alors sur ces autoroutes que les gens traversent à vive allure, pourquoi en serait-il autrement ? Comment 42 % de ces jeunes gens qui traversent la France sur ces voies rapides, à des dizaines voire des centaines de kilomètres de chez eux, pourraient-ils percevoir comme commun cet espace de transit, privatisé à des fins mercantiles et à des tarifs abusifs, alors qu'ils ne se pensent même pas responsables de la qualité de cet aspect de leur cadre de vie, ces parcs ouverts à tous. Et pourtant autoroutes et parcs publics font bien partie de notre terre commune !

Et ma responsabilité humaine ?

Cette absence, chez certains, du sens de la responsabilité qui incombe à tout être humain de préserver notre terre commune et notre humanité commune, n'est en fait qu'un marqueur extérieur d'une attitude qui est commune au plus grand nombre, la plupart des êtres se vivant comme séparés les uns des autres, et se rapprochant plus par peur de la solitude ou par intérêt commun, parfois bien provisoire et fragile, que par la solidité d'un vrai lien, fondé sur la reconnaissance et l'accueil de l'autre tel qu'il est et pour lui-même.
Et cela me renvoie toujours à cette phrase de la Bible qui pour moi inaugure l'état de déspiritualisation et d'effondrement progressif de l'humanité, quand, dans la Genèse, Caïn vient de tuer son frère Abel par jalousie, et que Dieu lui demande : "Où est ton frère Abel ? " et Caïn de répondre : "Suis-je le gardien de mon frère ?"

Gardien de la terre

Si je ne suis plus le gardien de mon frère, qui est cet homme ou cette femme que je connais comme celui que je connaîtrai demain, comment puis-je être le gardien de la terre sur laquelle il marche ?
Si je ne suis plus le gardien de mon frère humain, que je suis tellement séparé de lui par mes croyances, mon identité nationale, mes préjugés, mes intérêts, que je suis indifférent à son devenir et à son bonheur, comment serai-je le gardien de notre terre commune ? pourquoi ne serais-je pas seulement le gardien de mon clan, de ma famille et du minuscule lopin de terre ou espace de béton sur lequel je survis comme un animal apeuré par la crainte que mes intérêts, mon identité ou mes biens ne soient mis en danger par l'autre, le dangereux autre qui est habité par les mêmes tourments à préserver son avoir ?

Gardien de mon frère

Et face à cet essentiel problème spirituel, des personnes interrogées répondent qu'il faut durcir les amendes ! Et pourquoi ne pas envisager de mettre derrière chaque voiture qui roule sur un autoroute une voiture avec des caméras pour surveiller le fautif probable et immédiatement remplir les caisses de l'État qui veille à nos bons comportements ?
Quand allons-nous enfin traiter les vrais causes des mauvais comportements humains et faire comprendre l'énorme bénéfice pour tous qu'il y aurait à ce que nous devenions tous le gardien les uns des autres, non pas au sens du surveillant de la milice auto-proclamée mais au sens de se redécouvrir tellement plus heureux à être co-responsables de nos bonheurs respectifs ?

Et pourquoi pas ?

La plupart répondront que je suis un doux réveur et pourtant, de proche en proche et avec patience, qui nous prouve que cette seule voie jamais réellement expérimentée, la voie de l'amour, du partage et de l'enrichissement mutuel, ne donnerait à terme des résultats jamais atteints par la multiplication des polices, police des comportements, de la pensée et de la conformité à un système de fonctionnement collectif qui nous sépare chaque jour plus encore les uns des autres ?

© Jérôme Nathanaël

À lire : « Jettomanie » : quand est-ce que cela s’arrêtera ? sur le site Fondation Vinci Autoroutes.

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