L'estime de soi

Il y a ceux qui ont tellement d'estime d'eux-mêmes qu'elle finit par se transformer en un orgueil à se croire le centre du monde et ceux qui s'en accordent si peu qu'ils se pensent dénués du moindre attrait pour les autres.
Réussir à avoir une juste estime de soi, qui permette d'être dans un rapport équilibré avec les autres et d'avancer dans l'existence en ayant confiance en ses possibilités, peut demander un effort de transformation intérieure.
Découvrir comment s'est construit le regard que nous portons sur nous-mêmes peut nous amener à changer nos critères d'évaluation et ainsi à trouver comment apprécier correctement la personne que nous sommes, avec ses forces et ses faiblesses.
Cette nouvelle mesure nous permettra d'être réellement en amitié avec nous-mêmes et d'examiner notre existence quotidienne avec plus de clairvoyance.

Photo Andrea Piacquado

Les vidéos et leurs transcriptions : 1/6 | 2/6 | 3/6 | 4/6 | 5/6 | 6/6

Vidéo 1/6

Transcription :

L'estime de soi est un sujet difficile qui touche à toutes les dimensions de notre être. Elle tient à la fois à la manière dont nous nous considérons mais bien souvent tout autant à la manière dont les autres nous considèrent.
Elle dépend de facteurs conscients et de notre vécu présent mais également de notre passé et de la façon dont nous avons été aimé durant notre enfance. Elle peut être fluctuante au cours de notre vie, par exemple en fonction de nos échecs ou de nos réussites. Elle se construit ou se déconstruit dans notre intimité la plus secrète et notre comportement extérieur n'en est pas toujours une illustration fidèle.
Tant que l'être n'a pas développé une vraie connaissance de soi qui lui permette de s'estimer de façon juste et indépendante, elle peut dépendre des aléas de l'existence ou de la vie professionnelle comme du hasard des rencontres et des amours. Ainsi dans sa manière de se constituer et d'évoluer, elle procède beaucoup de notre état de conscience, de ce qui nous engage dans la vie et de ce qui fait sens pour nous. Explorons cette semaine ces différents aspects.

Vidéo 2/6

Transcription :

La qualité de relation que nous avons eu, durant notre enfance, avec nos parents ou les personnes qui ont tenu ce rôle pour nous, est déterminante dans notre perception de nous-mêmes et dans l'estime plus ou moins grande que nous nous accordons.
L'enfant qui a eu des parents attentionnés, soucieux de l'aider à fortifier sa confiance en lui-même, valorisant avec mesure ses initiatives et ses expériences, aura plus de facilité à développer une bonne estime de soi. Celui auquel les parents ou les éducateurs n'ont pas accordé suffisamment d'attention bienveillante ou lui ont manifesté leur amour d'une manière peu perceptible, risque de ressentir longtemps un manque intérieur qui, à la moindre difficulté, affaiblira sa confiance en lui-même. Mais trop valoriser un enfant risque de le rendre orgueilleux ou a contrario fragile dans nos sociétés sans compassion.
Tant que notre estime de nous-mêmes n'est pas le fruit d'un travail conscient et d'une bonne connaissance de soi, elle ne fait que refléter le regard et l'opinion que nous ont renvoyés les personnes qui ont eu une influence importante sur notre existence.

Vidéo 3/6

Transcription :

Ainsi l'estime de soi se construit dans la confrontation avec les cercles dans lesquels se déploie notre existence et selon les critères transmis par notre éducation et notre milieu. Cela commence dans le cercle familial puis, de l'élève à l'étudiant, ce cercle s'élargit et les expériences relationnelles plus ou moins heureuses que nous vivons infléchissent sur la manière dont nous nous jugeons d'après les modèles qui sont les nôtres.
Après le besoin d'amour, qui détermine dans notre enfance nos stratégies d'adaptation aux attentes de nos parents, c'est maintenant le besoin de reconnaissance sociale qui donne à l'image de nous-mêmes que les autres nous renvoient une importance qui influe sur nos choix.
Pour obtenir de la considération, d'abord de notre entourage puis d'un groupe plus large, nous endossons peu à peu des rôles et des comportements qui sont compatibles avec notre milieu. C'est alors dans la cohabitation plus ou moins réussie, entre cette entreprise et la voix intérieure qui peut-être nous appelle à oser notre différence, que va se jouer notre estime de nous-mêmes. Elle oscillera en fonction de la puissance relative de ces deux exigences souvent divergentes.

Vidéo 4/6

Transcription :

Selon notre tempérament et notre structure intérieure, la négociation, plus ou moins consciente, entre notre besoin d'être en société, et donc de se conformer aux normes de notre milieu, et de l'autre côté celui d'exprimer notre spécificité, et donc de risquer notre différence, aboutira à un compromis de nature variable, une exigence l'emportant en général plus ou moins sur l'autre.
Peu de personnes réussissent en effet entre ces deux tendances un équilibre qui les satisfasse entièrement, car nous ne sommes ni maîtres des contraintes sociales ni des aléas de l'existence. C'est pourquoi cet arbitrage peut varier au cours des années et parfois mettre à mal notre estime de nous-mêmes, quand nos choix s'éloignent trop de ce qui fait sens pour nous.
Au dela de cette posture globale, nous évaluons également au quotidien nos actions et nos comportements, c'est-à-dire notre capacité à incarner la personne que nous voulons être, et la proportion, plus ou moins satisfaisante, de nos réussites et nos échecs va renforcer ou affaiblir notre estime de nous-mêmes. Car c'est dans l'intime du débat intérieur, sous le regard pénétrant que nous portons sur nos vies, que grandit ou dépérit l'estime de soi.

Vidéo 5/6

Transcription :

Il peut arriver une période de la vie où ce jeu permanent entre la nécessité de tenir un rôle dans la société et l'exigence intérieure d'être accordé à soi requiert de faire halte pour reconsidérer ce qui a déterminé nos choix, ainsi que ce qui se joue dans la plus ou moins grande estime que nous nous accordons.
Quels sont les critères à partir desquels nous mesurons l'appréciation que nous avons de nous-mêmes ? Quels sont les événements, échecs ou réussites, qui ont influé sur la confiance que nous avons en nos possibilités ? Quelles sont les personnes dont l'attitude ou l'opinion à notre égard ont marqué durablement l'intérêt ou la mésestime que nous nous portons ?
C'est souvent lors d'une crise spirituelle, lorsque notre conscience de nous-mêmes et du monde évolue, que notre être profond s'exprime à nouveau avec force, que ces questions nous assaillent et remettent en cause la légitimité des multiples influences qui ont modelé notre estime de nous-mêmes. Nos mesures demandent alors à être plus personnelles et plus conscientes et cherchent à s'ancrer non plus dans la confrontation avec les multiples rôles que nous avons endossés mais dans la qualité de notre réponse à l'exigence d'être qui se fait jour.

Vidéo 6/6

Transcription :

Dans cette mutation profonde, qui nous fait envisager notre futur non plus comme une adaptation habile aux codes extérieurs de la société, mais comme une aventure libératrice qui nous porte à la rencontre et au dévoilement de nos potentiels les plus intimes, notre compréhension de l'estime de soi change également radicalement.
Nous découvrons combien notre rapport à nous-mêmes manquait d'autonomie et à quel point l'estime que nous nous portions dépendait de facteurs extérieurs ou circonstanciels, au lieu de se nourrir d'une fidélité à un désir d'être et à un effort de dépassement pour le réaliser. Nous étions l'objet d'injonctions implicites à imiter des modèles validés par une culture familiale ou sociale, auxquelles nous tentions de répondre par un modus vivendi dont nous étions in fine les perdants.
Nous devenons le sujet d'une grande entreprise, celle qui consiste à refonder notre existence dans une prise en compte totalement assumée de notre spécificité et de nos talents propres. C'est à présent de notre persévérance à avancer dans cette transformation, qui nous épanouit tout en enrichissant le mode de notre supplément d'âme, que se grandira notre estime de nous-mêmes.

© Jérôme Nathanaël